Banksy, l’artiste anonyme, utilise son talent pour donner ses opinions, transmettre des messages centrés sur la politique, l’environnement et notre société. Dans les oeuvres de Banksy, celui-ci n’hésite pas à allier l’humour satirique à la poésie afin de dénoncer le capitalisme, la guerre ou notre système tout entier.
En juillet 2005, l’artiste a réalisé neuf peintures sur le mur de séparation entre Israël et la Palestine. L’œuvre « Beach Boys Banksy » a été réalisé en plein jour et a été filmée afin que ce dernier ne soit pas arrêté par les soldats israéliens. La construction de 700km, sur laquelle s’exprime l’artiste engagé, a été créé en 2002 par Israël. Selon le ministre des affaires étrangères Israélien il permet « d’empêcher toutes tentatives d’intrusions terroristes en territoire israélien ». Pour Banksy, ce mur de Gaza est symbolique puisqu’il « enferme le peuple Palestinien dans une prison ouverte ».
I) Explications de l’œuvre « Beach Boys » de Banksy
A. Description du graffiti
Banksy utilise une alternative non violente pour lutter contre l’injustice et ses illustrations, notamment celle nommée « Beach Boys Banksy », peuvent être meilleures que les armes. Il a du talent, de la réflexion, de l’humanité et de l’intelligence. Ainsi, son importance culturelle, sa grande popularité et, certainement, le mystère de son identité ont contribué à la popularité de son art. Les Tableaux Street Art de Banksy et d’autres artistes des temps modernes transmettent bien souvent un message dénonciateur.
L’œuvre reprend la technique du trompe l’œil qui illustre deux petits garçons en noir et blanc jouant par terre accompagnés de pelles et de seaux. Leur représentation très minimaliste et sans couleur vive, les associe à des fantômes.
Au-dessus d’eux, nous remarquons un faux trou donnant sur un paysage coloré et paradisiaque. En arrière-plan, des palmiers dessinent le paysage accompagné, au premier plan, d’une sublime mère bleue. Les couleurs, ici, chaudes agissent comme un contraste avec la situation actuelle représentée par les enfants. En effet, ces derniers aux couleurs neutres sont liés à cette image uniquement par le sceau coloré en jaune, essentiel pour profiter de la plage. Ce désaccord est davantage souligné par le traitement réaliste de ce rêve face à une représentation simplifiée des deux enfants. Cela amplifie ainsi la distance qui les sépare tout en faisant croire au spectateur que le décor est réel et que les protagonistes ne le sont pas.
Les deux enfants se tenant à l’extérieur de ce décor de rêve, regardent le spectateur et semblent heureux. Cependant, nous notons que la plage est inaccessible car le trou menant à cet endroit est trop haut. Ainsi, à travers « Beach Boys », Banksy expose la vie de deux jeunes enfants enfermés entre un mur révélant un monde enchanté et une véritable barrière. De cette manière, l’artiste a voulu mettre en avant deux opposés : la tristesse, la peur et le désespoir qu’engendre cette situation, face à la joie, la liberté et le bonheur que provoque cet univers parfait dépeint au second plan. Il s’agit donc d’un symbole de confrontation entre deux mondes.
B. Interprétation de la réalisation « Beach Boys » de Banksy
Cette œuvre, ainsi que les huit autres, sont réalisées dans le cadre du projet « Santa’s Ghetto ». Il s’agit donc d’un message d’espoir et de paix dédié aux populations civiles. Celles-ci, bien que dénonciatrices et provocantes, ne font pas référence à la violence. Banksy apporte un regard poétique et libérateur à ce conflit israélo-palestinien, tout en condamnant le mur de Gaza et en le caractérisant d’obstacle à la paix entre deux peuples.
En outre, le graffeur défend le droit de chaque humain à espérer un avenir meilleur. Ce mur qui devait être une protection, est en réalité un obstacle à la paix, représentée par un rêve idéal imaginé par les enfants.
Les destinataires principaux de ce graffiti sont, bien sûr, les Palestiniens et les Israéliens, mais également les médias internationaux. En effet, Banksy veut souligner ce que cache cette barrière haute et opaque : une partie du territoire palestinien.
L’œuvre « Beach Boys » a un plan de demi ensemble. Représentée sous forme de photographie frontale, le mur en béton obstrue la vision que pourrait avoir le spectateur sur l’île paradisiaque. Ce dernier, venant littéralement fermer l’espace de l’image et bloquer sa profondeur transmet un aspect dramatique. Cela est davantage amplifié par le lieu ainsi que les décorations présentes sur l’avant plan (barbelés, cailloux, mur).
Dans le domaine de l’art contemporain, nous parlerons d’illustration « IN-SITU ». En effet, « Beach Boys » est une création non-transportable et dédiée à son lieu d’accueil. L’environnement réel lui apporte ainsi tout son sens à travers un dialogue et une complémentarité parfaite.
II) Contexte géographique de l’œuvre « Beach Boys Banksy »
La région est aujourd’hui divisée en 3 zones : Israël, la bande de Gaza et la Cisjordanie.
Les territoires palestiniens sont sous administration militaire israélienne : Territoires palestiniens occupés.
A. La naissance d’une nouvelle Nation : Israël
Tout d’abord, la racine principale du conflit est le sionisme.
En effet, le sionisme désigne le désir des Juifs de retourner en Palestine. Les revendications territoriales de ces derniers sont donc fondées sur cette idée. Le sionisme cherche une patrie pour le peuple juif comme promis à Abraham dans la Bible. Il vise ainsi à rassembler la diaspora dans le lieu d’origine c’est-à-dire la Palestine. Le père du sionisme est Theodor Herzl et il a écrit un texte intitulé « L’État juif ».
Par ailleurs, avant la Première Guerre mondiale, la Palestine et la plupart des territoires arabes faisaient partie de l’Empire Ottoman, autrement dit de l’Empire Turc. Les Ottomans étant entrés en guerre aux côtés de l’Allemagne, la Grande-Bretagne devient de plus en plus active dans la région pour déstabiliser les Turcs.
À la suite de la Seconde Guerre mondiale, les combats entre les Arabes et les Juifs se sont multiplié à tel point que la Grande-Bretagne a dû renoncer au mandat de la Palestine. Le gouvernement britannique a alors demandé aux Nations Unies de trouver une solution viable à la question palestinienne.
Finalement le 14 mai 1948 est publiée la déclaration d’indépendance d’Israël. L’État juif d’Israël est établi conformément à la résolution de l’ONU (55% du territoire palestinien devient Israël).
Peu de temps après, ses voisins arabes, à savoir l’Égypte, la Jordanie, la Syrie et l’Irak, ont envahi Israël.
Cette dernière a entraîné diverses conséquences : la création de l’Etat d’Israël, la création de la crise des réfugiés palestiniens et la création d’une nouvelle classe (les citoyens arabes palestiniens d’Israël).
B. L’ère de consolidation de 1948 à 1987
Les relations entre Israël et deux pays arabes (la Syrie et l’Egypte) sont tendues. En effet, Israël accuse la Syrie d’héberger et d’aider les terroristes palestiniens. Cela engendre la guerre des Six Jours qui provoque l’expansion du territoire israélien : Sinaï, Gaza, Jérusalem, Cisjordanie et plateau du Golan. L’ONU imagine alors une nouvelle résolution. L’objectif est la reconnaissance de tous les Etats du Moyen-Orient et le retrait d’Israël des territoires occupés. Le 10 juin 1967, un cessez-le-feu est conclu. Israël a vaincu trois armées arabes et s’est imposé comme la principale puissance militaire de la région.
Puis, en octobre 1973, c’est la guerre du Yom Kippour. Les États-Unis, autrefois acteur et supporter d’Israël, ne peuvent se permettre d’offenser les pays Arabes car il s’agit des premiers producteurs de pétrole. De ce fait, les gouvernements américains successifs ont cherché à trouver la paix dans la région.
C’est en 1987, lors de l’Intifada (première manifestation impliquant la population civile), que les médias occidentaux ont transmis des images de la brutalité israélienne. Cela a entraîné une sympathie internationale pour la cause des Palestiniens au profit de celle initialement destinée au peuple Juif.
C. L’ère moderne dès 1987
Enfin, cette période a débuté par une étape positive grâce aux accords d’Oslo de 1993. Les responsables israéliens et l’OLP se rencontrent. Des négociations de paix sont menées secrètement. Cela aboutit à une signature entre les représentants des deux pays : Arafat et Rabin.
Arafat reconnaît le droit d’Israël de vivre en paix et en sécurité. Tandis que Rabin reconnaît l’OLP (Organisation de la Liberté de la Palestine) comme « représentant du peuple palestinien », et dit accepter de traiter avec elle pour des négociations de paix. Malheureusement, Rabin est assassiné et les changements gouvernementaux ultérieurs rendent impossible tout engagement majeur.
Néanmoins, il y avait le point de friction des colonies de Cisjordanie. Il s’agit d’une zone résidentielle construite par Israël sur les territoires palestiniens occupés par les colons juifs. Mais ces colonies sont illégales selon les lois internationales. Ainsi, Israël veut s’assurer qu’il reste en possession de ces terres et il ne négociera que s’il peut conserver les colonies ; tandis que la Palestine ne veut négocier qu’une fois les colonies retirées. Cela signifie qu’un accord de paix à long terme est impossible à trouver.
Les Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie voient leur vie contrôlée. Nous pouvons en conclure que cette ère moderne est une forme d’oppression.
III) Les autres graffitis du projet Santa’s Ghetto par Banksy
La cause initiale de cette excursion en Cisjordanie, afin de réaliser notamment l’œuvre « Beach Boys Banksy », est l’anniversaire de l’avis rendu par la Cour International de Justice de La Haye. Cette dernière a en effet, le 15 septembre 2005, condamné la barrière de séparation israélo-palestinienne. C’est donc dans ce contexte que l’artiste, soutenu de confrères du milieu Street Art comme l’artiste Américain Ron English, réalise neuf illustrations afin de contester contre le mur de Gaza. Parmi elles nous pouvons citer entre autres :
- « Girl Frisking Soldier »,
- « Armoured Dove »,
- « Flower Thrower »,
- « Window On The Next Bank ».
Malgré cette action risquée, les soldats de force de sécurité n’interviennent pas. Cependant, des alertes, dont deux alarmantes, n’ont pas empêché Banksy de réaliser son travail.
Lors de la conception de ces chefs-d’œuvre, un homme âgé appréhenda Banksy et complimenta le graffeur sur le fait que ses graffitis rendaient le mur beau et spectaculaire. C’est alors tout naturellement que Banksy le remercia.
Mais le Palestinien développa sa réflexion : pour lui, le mur de Gaza est synonyme de haine, de tristesse et de guerre. Il s’agit d’une barrière au sens propre du terme. Il lui précise alors que cette construction n’a pas à être belle, qu’elle ne pourra jamais réellement l’être car elle représente une séparation franche et insurmontable entre deux peuples. Il conclut en disant « ce mur, nous ne le voulons pas ».
Nous espérons que vous avez apprécié cet article et que vous avez appris l’histoire d’une œuvre supplémentaire de Banksy. Vous pourrez maintenant discuter de « Beach Boys » avec votre entourage, tout en connaissant Banksy, l’un des plus grands visages du Street Art.
N’hésitez pas non plus à lire nos autres articles pour en apprendre davantage sur la culture Street Art, ou sur les autres œuvres de l’artiste. L’histoire de l’œuvre « Banksy La Petite Fille Au Ballon » est également très intéressante et en dit long sur les valeurs de Banksy.
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